Pourquoi existe-t-il des interactions médicamenteuses ?

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Qu’est-ce qu’une interaction médicamenteuse ?

Une interaction médicamenteuse se définit comme l’effet d’un médicament sur l’action d’un autre [médicament] lorsqu’ils sont prescrits en même temps ou à intervalles rapprochés.

Le nombre d’interactions médicamenteuses potentielles augmente en fonction du nombre de médicaments pris (polymédication) :

  • un médicament pris seul n’a pas de risque d’interagir avec lui-même
  • 3 interactions médicamenteuses peuvent se produire avec 3 médicaments et 15 interactions sont possibles avec 6 médicaments.
  • Avec 9 médicaments pris, 36 interactions médicamenteuses peuvent survenir…

 

Figure 1. Occurrences des interactions médicamenteuses en fonction du nombre de médicaments pris

Quels sont les différents types d’interactions médicamenteuses ?

Liées à l’effet des médicaments sur l’organisme 

On parle alors d’interactions pharmacodynamiques.

Elles peuvent se produire lorsque :

  • Deux médicaments ont le même effet, on parle alors de potentialisation de l’effet.
  • Deux médicaments agissent de façon contraire ou lorsque l’un empêche l’action de l’autre, on parle alors de blocage de l’effet.

La potentialisation de l’effet

L’interaction médicamenteuse est liée au fait que deux médicaments présentent le même effet qu’il soit bénéfique (thérapeutique) ou nocif (effet indésirable). Par exemple, si la prise d’un médicament anti-allergique (antihistaminique) est associée à celle d’un médicament pour les troubles du sommeil (hypnotique), le risque de somnolence propre à chacun de ces médicaments se trouve potentialisé et peut parfois devenir problématique (effet indésirable).

Dans certain cas, la potentialisation de l’effet est recherchée en thérapeutique. C’est le cas par exemple du traitement contre l’hypertension artérielle qui peut associer plusieurs médicaments antihypertenseurs de classes différentes afin de majorer leur effet et ainsi réduire plus efficacement l’hypertension artérielle.

Le blocage de l’effet

Dans ce cas, l’interaction médicamenteuse est liée au fait qu’un médicament va empêcher un second de réaliser son effet soit en l’empêchant de se fixer sur sa cible soit en produisant un effet contraire. Par exemple, le traitement à base de lévodopa contre la maladie de parkinson peut être inefficace lorsqu’il est associé au métoclopramide, un médicament contre les vomissements.

Comme précédemment, le blocage de l’effet peut être recherché en thérapeutique, c’est le principe des antidotes.

Liées à l’effet de l’organisme sur les médicaments

On parle alors d’interactions pharmacocinétiques.

 Elles peuvent se produire à différentes étapes :

  • Lors de l’absorption du médicament quand il est administré par voie orale.
  • Lors de la transformation du médicament par le foie, on parle de métabolisation.
  • Lors de l’élimination du médicament.

Figure 2. Etapes ADME en pharmacocinétique

 

Interaction lors de l’étape d’absorption 

Pour agir, un médicament prit par voie orale doit généralement atteindre la circulation sanguine. Pour cela, il doit traverser certaines barrières notamment au niveau digestif (paroi de l’estomac, paroi des intestins…). On appelle cette étape l’absorption.

A ce niveau, des interactions médicamenteuses peuvent avoir lieu. C’est le cas par exemple des pansements gastriques qui en tapissant la paroi de l’estomac empêchent les autres médicaments de passer de l’intérieur de l’estomac vers le sang. Cette interaction se produit lorsque les deux médicaments sont pris au même moment ou à intervalle rapproché. Un espacement des prises d’environ deux heures permet de pallier cette interaction.

Interaction lors de l’étape de transformation du médicament

Pour être éliminés, certains médicaments doivent être transformés au niveau du foie par des substances actives appelées enzymes. A cette étape, appelée métabolisation, une interaction médicamenteuse peut avoir lieu si un autre médicament pris simultanément augmente (induction) ou à l’inverse stoppe (inhibition) l’activité de ces enzymes.

En cas d’induction, le médicament concerné sera alors plus rapidement transformé et donc plus rapidement éliminé. Il n’aura pas le temps d’agir correctement et sera donc inefficace.

Exemples d’inducteurs enzymatiques : le millepertuis, le tabac, la rifampicine (anti-infectieux), la carbamazépine (anti-épileptique)…

 

A l’inverse en cas d’inhibition, le médicament concerné sera peu voir pas transformé et donc moins bien éliminé. Il s’accumulera alors dans le sang et sera à l’origine d’un surdosage.

Exemples d’inhibiteurs enzymatiques : le pamplemousse, la ciprofloxacine (antibiotique), l’atorvastatine (contre le cholestérol), la fluoxétine (antidépresseur)…

 

Interaction lors de l’étape d’élimination

L’élimination des médicaments se fait principalement par l’urine (élimination rénale) ou par les selles (élimination digestive).

Une interaction peut se produire lorsqu’un médicament ralentit ou accélère l’élimination. C’est le cas par exemple des diurétiques qui en augmentant l’élimination de l’eau par les reins augmente également l’élimination des médicaments éliminés par les urines. A l’inverse, l’utilisation d’un médicament contre les diarrhées peut ralentir le transit et donc ralentir l’élimination des médicaments éliminés par les selles.

Quels sont les différents niveaux d’interactions médicamenteuses ?

L’Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé (ANSM) a classé les interactions médicamenteuses en fonction de leur risque d’effets indésirables ou de perte d’efficacité du traitement.

4 niveaux ont été définis :

Tableau 1. Niveaux d’interactions médicamenteuses définis par ANSM

Que faire pour éviter une interaction médicamenteuse ?

Les interactions médicamenteuses sont évaluées par vos professionnels de santé lors de la prescription médicale ou lors de la dispensation des médicaments en pharmacie. Cependant, elles ne peuvent pas toutes être parfaitement connues.

Pour celles qui le sont, vous pouvez les retrouver sur la notice des médicaments.

Sachez que le risque d’interaction peut exister avec les formes pommades, collyres… mais aussi avec les plantes ou autres produits pris en automédication.

 

En cas de doute ou si vous souhaitez plus d’informations concernant les interactions médicamenteuses entre vos traitements, n’hésitez pas à contacter votre médecin ou votre pharmacien.

 

Vous pouvez également faire appel à

Médicament Info Service au  04 93 69 75 95

 

VG, pharmacien MiS